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Plein feu sur le rôle des plates-formes multi-acteurs dans la filière manioc

KONDZOU TAKUETE J.F.

La filière manioc en Afrique Centrale, au regard de son importance pour l’alimentation humaine, la création des richesses, l’entrepreneuriat et l’innovation, fait l’objet de nombreuses attentions et convoitises. La tenue du Forum régional consacré à ce produit en Afrique Centrale est un fort témoignage de ce que les gouvernements, les ONG, les bailleurs de fonds, les institutions de recherches, les industries, les petits producteurs et les chercheurs  ont compris la nécessité de se regrouper autour d’une même table pour penser l’avenir de cette filière en Afrique centrale. Les plates-formes d’acteurs constituent une illustration de cette volonté des acteurs de se rassembler et d’oeuvrer ensemble pour le développement de cette chaîne de valeur. Dans cet article nous nous intéressons à cet ensemble d’acteurs pour mieux comprendre leur genèse, leurs rôles, l’impact de leurs actions.

Éléments de compréhension des plates-formes
Une plate-forme multi-acteurs peut simplement se définir comme étant un cadre de concertation des acteurs de différents maillons qui ont un enjeu dans le développement de la filière, et qui partagent l’ambition de son développement.

Mieux encore, la notion de plate-forme multi-acteurs repose sur l’idée que la confrontation organisée des points de vue permet d’accroître la pertinence et l’efficacité des actions collectives pour l’atteinte des objectifs communs. Dans ce deuxième cas, la plate-forme doit être facilitée et construite dans un cadre organisé pour favoriser les confrontations constructives entre acteurs en présence et autour d’un objet technique partagé.

Rôle des plates-formes dans la chaîne de valeur du manioc
La plateforme réunit les différents acteurs d’une même filière. Elle devrait jouer le rôle d’un groupe de pression au service de l’intérêt collectif, qui offre à chaque acteur un espace pour négocier ses propres intérêts. Elle doit favoriser la levée des grandes contraintes majeures qui entravent la promotion de la filière. Elle doit promouvoir certaines valeurs propres en favorisant la participation de tous les acteurs, la collégialité des décisions, la transparence dans la gestion.

Un cas pratique est la plate-forme multi-acteurs de la chaine de valeur manioc en zone CEMAC (PMA-CV MANIOC-CEMAC). Celle-ci est en effet une émanation de différentes plates-formes nationales des six pays de la CEMAC. Son but est de fédérer au mieux tous les acteurs de la filière, de renforcer leurs capacités et d’améliorer la productivité et la compétitive du manioc dans les six pays membres. Pour rappel, la mise en place de cette plate-forme est l’un des résultats du projet « Production Durable du Manioc en Afrique Centrale et Intégration du Marché » financé par l’Union Européenne. Toutefois, d’après S. E Mme Koyara, Ministre conseillère du chef de l’Etat en matière d’agriculture et de développement Rural de la République de Centrafrique : « dans le passé les plateformes créées suite à la mise en œuvre des projets n’ont pas duré longtemps après la fin du projet ». En personne avertie, la ministre pense que « pour éviter cette même fin tragique, la PMA-CV MANIOC-CEMAC devrait redoubler de vigilance et anticiper sur d’éventuelles contraintes financières ».

Une autre plate-forme s’intéressant aussi au manioc est constituée par l’association régionale PROPAC, sigle qui signifie d’ailleurs ‘Plate-forme Régionale des Organisations Paysannes d’Afrique Centrale’.

Principales difficultés et quelques pistes de solutions
Au regard des débats qui ont eu lieu autour des plates-formes durant le Forum, quelques difficultés qu’elles rencontrent sont les suivantes :

  • La nécessité de mettre en place des activités qui répondent davantage aux besoins des membres
  • Le manque de formation et de renforcement des capacités des membres;
  • Le faible niveau de structuration ;
  • Les difficultés financières liées au peu de ressources disponibles et provenant généralement des projets, des programmes ou de subventions diverses.

Pour contribuer à réduire ces difficultés, il est proposé :

  • d’évaluer périodiquement la qualité et le niveau des services rendus aux membres afin d’assurer leur engouement et leur implication dans la mise en œuvre des actions pour la pérennisation  de la plateforme;
  • de sensibiliser, informer et former les membres sur leurs identités et rôles;
  • de renforcer la démocratie participative interne
  • de rechercher des financements alternatifs.

Une question cruciale demeure: les jeunes sont-ils suffisamment impliqués dans les plateformes qui promeuvent le manioc et l’agriculture en général ? Autant les jeunes eux-mêmes, que les plates-formes se doivent de répondre adéquatement à cette question.

KONDZOU TAKUETE J.F

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